La formation en Algérie : problématiques et enjeux
- Yanis Ighilahriz
- 19 déc. 2022
- 5 min de lecture
Après les désillusions connues par l'équipe nationale algérienne en 2022 à la CAN puis aux qualifications à la coupe du monde, le sujet de la formation locale a souvent été évoqué. Placée au coeur de nombreux débats, qu'en est-il vraiment de la situation de celle-ci ? Pour tenter d'apporter des réponses, j'ai pu compter sur l'apport de Yacine Hamened et Walid de DZ Foot.

Le stade Zioui à Hussein-Dey (Alger), fief du NAHD, grand club formateur des décennies précédentes qui souffre de l'instabilité et du manque de vision à long terme à sa tête.
Pour commencer l’étude de ce sujet, quoi de mieux que de se pencher sur les premiers pas d’un enfant avec ballon rond, c’est-à-dire dans la rue et les clubs amateurs. L’Algérien est souvent vu (parfois à tort) comme un joueur technique et dribbleur, des qualités développées jeune dans des espaces réduits. Le football de rue en Algérie ne se porte pas mal et reste beaucoup pratiqué mais souffre néanmoins de l’avènement des écrans mais aussi de la construction à outrance notamment dans les grandes villes. Il est à noter que la construction de nombreux stades de proximité ces dernières années ne bénéficie pas forcément aux plus jeunes, comme le souligne Walid, ils sont souvent utilisés par les adultes du secteur avec réservation de créneaux.
Un point à relever en Algérie est l’entrée assez tardive en club pour les jeunes bien que la donne change un peu. Ce qui permet de soulever l’un des plus gros problèmes de la préformation : le peu de moyens des clubs amateurs. Le nombre exceptionnel de joueurs issus d’Île-de-France dans le football mondial reflète l’importance de la structuration et du travail des clubs amateurs de cette région (même s’ils font aussi face à de nombreux problèmes). En Algérie, les clubs de proximité sont confrontés à une grosse demande sans pouvoir y répondre jusqu’à se retrouver dans des cas où les terrains doivent être partagés par 4 ou 5 clubs en même temps sur un entraînement. Les infrastructures manquantes et surtout peu entretenues sont en partie responsable de l’entrée tardive des enfants en club qui entraîne des lacunes dans de nombreux aspects du jeu.
Pour répondre à ces manques, Yacine Hamened propose comme solution un développement du football scolaire sur le modèle d’associations sportives et de rencontres entre établissements. Ainsi, jusqu’à 13 ans les jeunes pratiqueraient le football à l’école pour désengorger les clubs et leur permettre une structuration et une concentration sur les catégories de 13 à 18 ans. En cas de succès, cela offrirait le choix de continuer sur ce modèle ou de reprendre sur un modèle plus classique. Il est à noter également que pour palier à ce manque d’infrastructures des clubs ou associations utilisent les terrains de proximité pour leurs entraînements.
Quel modèle pour la formation d’élite ?
Depuis le sacre à la CAN 2019, le joueur algérien issu de la formation locale a retrouvé une certaine côte sur le marché des transferts. Le travail de formation effectué par le Paradou AC et pendant une période par l’académie FAF en est en grande partie responsable. A noter également le récent travail de post-formation de l’ES Setif avec des joueurs prometteurs de l’est du pays (Amoura, Boussouf, Kendouci).

Abdelkahar Kadri, joueur de Courtrai est un des nombreux joueurs formés au Paradou AC à s'être exporté en Europe.
Malheureusement, l’écrasante majorité des clubs n’a pas suivi cette tendance et néglige les jeunes catégories. Le manque de vision à long terme des dirigeants est un énorme frein au développement de la formation. En effet, les revenus des clubs sont alloués en priorité à l’équipe première au détriment des jeunes (équipes premières elles-mêmes victimes d’une instabilité chronique au niveau du staff et des joueurs). La volonté de gains financiers et de résultats sportifs rapides pousse les présidents de clubs à poursuivre dans cette voie.
Le fait que le financement des clubs se fasse en très grande partie par des subventions étatiques et l’apport d’entreprises publiques pourrait favoriser certaines mesures de contrôle en faveur de la formation. Ainsi, Yacine Hamened préconise des contraintes budgétaires pour les clubs afin qu’une part fixe de leur manne financière soit obligatoirement consacrée à la formation sous peine de sanction. Pour compléter cela, cinq joueurs issus des jeunes catégories devront être présents dans le groupe professionnel afin de s’assurer qu’un réel travail a été effectué.
A l’heure actuelle plusieurs clubs travaillent sur un projet de centre de formation tels que la JS Kabylie ou l’USM Alger mais le manque de stabilité à la tête des clubs ralentit fortement ces projets. Ce qui peut pousser à s’interroger sur la pertinence du modèle des centres de formation classiques dans un futur proche. Les clubs tels que le NAHD, l’USMH, le RCK ou l’ASMO considérés comme des écoles de football sont touchés par les mêmes problématiques que tous les autres clubs de première et deuxième division à savoir impatience, instabilité, manque de vision et recherche de gains. Il pourrait être intéressant de se pencher sur des modèles de clubs amateurs d’élite donnant la priorité aux jeunes à l’image du FC Montfermeil et du SC Air Bel en France. Nécessitant moins de moyens mais un gros investissement humain, ce rôle pourrait être endossé par des clubs amateurs historiquement réputés dans les jeunes catégories tels que la JS El Biar, le CA Kouba ou le Hydra AC à Alger.
Compétences des éducateurs/entraîneurs
Afin de développer un modèle pérenne, il est également important d’analyser les caractéristiques des joueurs comme le souligne Yacine Hamened. En effet, il considère qu’il n’est pas possible de dupliquer des modèles d’un pays à l’autre sans tenir compte des caractéristiques physiques, techniques et mentales des joueurs locaux. C’est dans cette optique que le Paradou AC a fait appel à des formateurs espagnols pour son académie qui ont su tirer profit des caractéristiques des joueurs algériens. La compétence étrangère est donc la bienvenue mais uniquement si celle-ci s’adapte au contexte local en termes de jeu et de culture footballistique. L’apport d’éducateurs ou entraîneurs binationaux serait d’ailleurs une piste intéressante dans l’optique de développer la formation algérienne.

Boualem Charef, entraîneur de l'USMH de 2008 à 2014, symbole que la patience porte ses fruits.
Cependant, il est avant tout fondamental de laisser le temps aux formateurs de travailler et sur ce point l’Algérie part avec énormément de lacunes. L’exemple le plus criant de ces dernières années pour montrer qu’avec du temps il est possible de construire est Boualem Charef, entraîneur de l’USMH de 2008 à 2014 avec qui il a effectué un énorme travail de post-formation et a abouti à un jeu léché reconnu par les suiveurs de la ligue 1 algérienne.
L’éducateur et ses compétences doivent être plus valorisées en proposant les formations adéquates et en favorisant les idées de jeu au détriment de la renommée pour entraîner les équipes de jeunes. La compétence des formateurs du NAHD dans les années 70-80 et même 90 avec un modèle de jeu et des profils remarquables est l’exemple parfait. Situation qui contraste avec la gestion catastrophique du même NAHD avec sa génération 1999-2000 pourtant très prometteuse avec finalement seulement deux joueurs à la hauteur des espoirs : Amine Tougai (ES Tunis / Algérie A) et à un degré moindre Zinedine Boutmene (ES Sahel).
Ainsi, il reste fort à faire pour tirer le maximum du réservoir de talents algérien. Un retard accumulé depuis la décennie des années 90 et le virage des deux qualifications en coupe du monde en 2010 et 2014 qui n’ont pas été mises à profit. Si l’Algérie apparaît à la traîne en matière de formation, des motifs d’espoir existent et des réponses à court/moyen terme comme évoqué dans le corps de l’article sont possibles. Cela passe néanmoins par un changement des mentalités et une patience qu’il est nécessaire d’inculquer aux dirigeants de clubs, la FAF a un grand rôle à jouer et ne doit plus uniquement se contenter de se soucier de sa vitrine qu’est l’équipe nationale A.
Yanis IGHILAHRIZ
Merci à Yacine Hamened et Walid (@Waleadeur sur Twitter) pour leur participation à mon space sur Twitter et les réponses apportées.
Space disponible sur mon compte Twitter :
亚博体育 亚博体育 亚博体育 亚博体育 亚博体育 开云体育 开云体育 开云体育 开云体育 IM体育 IM体育 博彩资讯 博彩导航 杏运体育 杏彩体育 乐鱼体育 爱游戏体育 华体会体育 华体会体育 AG真人娱乐 AG真人娱乐 AG真人娱乐 AG真人娱乐 AG真人娱乐 BG真人娱乐 体育外围 欧洲杯下注 欧洲杯下注 欧洲杯下注 欧冠下注 欧冠下注 KPL下注 欧冠竞猜 LOL下注 LOL下注 博彩网站推荐